"Pacifiquement mais fermement" : le jeu dangereux de la Présidence de l’UPV

mercredi 4 mars 2020
par  Sud éduc 34

Communiqué de la section UPV de SUD éducation 34

Nous nous inquiétons de la teneur des communiqués matinaux publiés par la Présidence de l’UPV lundi dernier 24 février, hier lundi 2 mars et mardi 3 mars, qui rappellent la rhétorique de la menace et de la division déjà utilisée au printemps 2018 contre la mobilisation étudiante.

Qu’il s’agisse des « étudiant-e-s encapuchonné-e-s » de la semaine dernière ou du « groupuscule cagoulé » d’hier lundi, c’est le portrait d’une minorité menaçante qui nous est offert, contre une majorité de « tous ceux et toutes celles qui refusent de voir dégrader l’université ». Cette majorité invisible est invitée à « assurer pacifiquement mais fermement notre volonté de préserver notre outil de travail et celui des étudiants ».

Que peut signifier une telle formule lorsqu’on la traduit en actions concrètes, surtout accompagnée de la précision que « nous maintenons donc les cours et toutes les activités de la vie universitaire » ? Quelle que soit son ambiguïté délibérée, quel que soit le rappel que ce sont « les services de l’université [qui] procèdent au déblocage des locaux », la formule présidentielle ne peut qu’être reçue comme un blanc-seing à s’engager dans des opérations de déblocage sauvage du campus, ce qui parait non seulement contre-productif mais surtout dangereux pour les étudiant-e-s et les personnels.

Un tel appel est susceptible de mener à la confrontation physique, aussi on peut se réjouir du caractère pacifique des piquets tenus devant les bâtiments. Cet appel de la Présidence n’en reste pas moins irresponsable : lundi matin comme mardi matin, quelques étudiant-e-s se sont en effet engagé-e-s, individuellement ou en groupe, dans la manipulation de meubles pour procéder au déblocage de bâtiments, mettant en danger leur propre sécurité et celles des autres étudiant-e-s présent-e-s dans et autour des piquets de blocage. Tout aussi irresponsable consiste l’encouragement réitéré, adressé par des membres de l’équipe présidentielle à des étudiant-e-s, de pénétrer dans des bâtiments dont une partie des issues demeurent bloquées.

Alors que la mobilisation pour les retraites et contre la LPPR s’étend dans l’enseignement supérieur et la recherche en amont de la journée du 5 mars où « l’université et la recherche s’arrêtent », la Présidence est absente des espaces de mobilisation contre la destruction des services publics et la dégradation de nos conditions de travail et de nos vies, en revanche immédiatement disposée à prendre la tête d’un mouvement de déblocage du campus. Ses priorités politiques ne pourraient être plus claires.

Là où l’on pourrait attendre de la Présidence qu’elle remplisse une mission d’information à l’égard de notre communauté, la rhétorique de l’université assiégée qu’elle déploie ne peut qu’envenimer la situation. Espérons qu’elle ne serve pas à préparer et justifier le retour des dizaines de vigiles qui quadrillaient le campus à la fin du printemps 2018 ou encore des interventions policières à venir. Rappelons-le pacifiquement mais fermement : ni les milices privées ni les forces de police n’ont leur place sur notre campus pendant les mouvements sociaux.

La section SUD éducation UPV appelle les personnels de l’Université Paul-Valéry :

  • à rejeter la rhétorique facile de l’opposition entre une minorité activiste et une majorité prétendument inattentive aux questions politiques posées par la mobilisation dans notre université ;
  • à faire grève pour la défense des retraites et contre la LPPR sans pour autant déserter le campus, mais au contraire en y assurant une présence attentive à la sécurité de tou-te-s, en facilitant la tenue de discussions autour des piquets tenus devant les bâtiments lorsque ceux-ci sont bloqués, et en participant aux assemblées et aux actions menées dans le cadre de la mobilisation ;
  • à publiciser leur mobilisation auprès des étudiant-e-s et des collègues pour affirmer le rejet par notre communauté du passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites et du projet de LPPR destructeur pour le service public d’enseignement supérieur et de le recherche.