Point de situation à l’approche du 11 mai

dimanche 3 mai 2020
par  Sud éduc 34

Communiqué de SUD éducation 34

Voici en quelques lignes le constat que nous faisons des conditions de sécurité pour la population, des enjeux mis en avant ou tus par l’exécutif, et la nécessité de penser dès à présent un plan d’urgence pour l’éducation.

Rappel de la situation

Les conditions sanitaires
Le virus est toujours actif. Les écoles sont des lieux de propagation, l’étude de l’Institut Pasteur du 23 avril le constate. Les enfants sont tout aussi contagieux que les adultes : ils ont une charge virale identique à celle des adultes.
Dans le projet de réouverture des écoles proposé par Blanquer, on évoque des groupes de 15 élèves maximum, alors que pour le reste de la population et dans les autres lieux, les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits : pourquoi cette incohérence ?

Les conditions matérielles
Beaucoup de mairies semblent dans l’incapacité d’appliquer le protocole sanitaire pour la réouverture des écoles : nombre d’agent-es insuffisant, achat de thermomètres électroniques, achat de détergent et produits désinfectants virucides, matériel de nettoyage en quantité, nombre de sanitaires dans les écoles insuffisant…

Les masques fournis au personnel de l’EN seront vraisemblablement des masques FFP1 : donc ils empêcheront le porteur du masque de transmettre le virus. Mais ils ne l’empêcheront pas de se faire contaminer par les élèves qui eux, ne porteront pas de masque... Donc l’adulte qui prendra en charge un groupe d’élèves sera délibérément mis en danger car mal équipé !
Nous n’avons toujours aucune information sur la disponibilité des tests.

La réduction des inégalités
Avancée par le président de la République pour justifier la réouverture des écoles, elle n’aura pas lieu car :
→ le retour des élèves à l’école repose sur le volontariat des familles, pas sur la priorité aux « décrocheurs »
→ d’après les nombreux sondages effectués par les enseignant-es, les décrocheurs ne sont pas les élèves qui reviendront (peur de la contamination)
→ aucune priorité n’est donnée aux élèves décrocheurs, aux familles accompagnées socialement dans la constitution des groupes d’élèves accueillis
→ On demande aux enseignant-es d’être à 100 % du temps sur l’école, et donc d’abandonner les nombreux élèves qui resteront chez eux et elles.

Les intérêts économiques
Cet enjeu a été reconnu par Blanquer lui-même sur BFM mercredi 29/04 à 8h30. Compte tenu de la vacuité des consignes pédagogiques et d’accueil, nous constatons que nous sommes devenus le ministère de la Garderie Nationale.
→ Accueillir les enfants des personnels soignants, des forces de sécurité, des profs
→ Puis accueillir les enfants des travailleurs
Parce que qu’ouvrir les écoles, c’est libérer les salarié-es de leur responsabilité parentale et les renvoyer au turbin. Les considérations sanitaires et pédagogiques viennent ensuite, et seulement grâce à une forte pression populaire.

Les enjeux pédagogiques
À court terme, ils sont nuls. En petits groupes, les élèves ne reviendront que pour 8 à 15 jours d’école. Et ces jours serviront à répéter les gestes barrière, et suivre un protocole extrêmement strict de distanciation sociale.
→ pas d’apprentissages nouveaux
→ « prison sanitaire », pression et maltraitance pour toutes et tous les présent-es à l’école

À moyen terme, cette rentrée précipitée en mai réduit les opportunités de bien préparer la rentrée de septembre et l’année scolaire 2020-2021, qui sera aussi tout aussi particulière :
→ le virus sera toujours présent
→ les locaux scolaires devront être entièrement réaménagés
→ les programmes scolaires devront être adaptés

Un article plus détaillé sur les enjeux de la réouverture a déjà été publié.

Un plan d’urgence pour l’éducation

SUD éducation milite pour reporter la réouverture des écoles à septembre. Laissons les enseignant-es et les familles maintenir le fragile lien pédagogique qu’ils et elles ont réussi à constituer dans ce cadre inédit du confinement, et aidons les plutôt à reprendre contact avec les décrocheurs et les élèves en grande difficulté (sociale ou scolaire).

En attendant que l’urgence sanitaire soit maîtrisée, il faut dès à présent élaborer un plan d’urgence pour l’éducation et mettre en lien le plus vite possible tous les acteurs de la communauté éducative afin de :
repenser les programmes scolaires et les adapter au trou que nous venons de traverser
→ penser le réaménagement de tous les locaux scolaires, et démarrer pour cela une intense concertation avec les collectivités territoriales, les parents d’élèves, les personnels
recruter massivement des enseignant-es, afin de constituer des effectifs réduits pour toutes les classes, sinon les vagues épidémiques risquent de se succéder
recruter massivement des enseignant-es spécialisé-es pour accompagner les élèves en difficultés, les élèves en situation de handicap qui auront été durement éprouvés par ces bouleversements
recruter massivement des AESH, pour accompagner convenablement les élèves notifié-es. Et au passage les titulariser, les doter d’un véritable statut et d’un véritable salaire !
soutenir les collectivités pour qu’elles recrutent massivement du personnel pour le nettoyage des écoles

Que faire à l’approche du 11 mai ?

Sud éducation 34 a rassemblé en un seul article tous les moyens à votre disposition pour préserver au mieux votre santé et votre sécurité dans le cadre de la réouverture des écoles. Suivez le lien, et prenez soin de vous !

Point de situation à l’approche du 11 mai