Marseille, une politique éducative aussi délabrée que ses écoles

jeudi 11 février 2016
par  Sud éducation 34

Communiqué de presse de SUD éducation 13

Enfin la vérité éclate sur l’état des écoles marseillaises. Ça tourne depuis quelques temps sur les réseaux et sur les journaux locaux. C’est la lettre d’une enseignante à la ministre qui a mis le feu aux poudres. Contrairement aux réactions de Jean-Claude Gaudin, qui prétend qu’il ne s’agit là que de cas isolés et non-signalés, nous pouvons témoigner que la réalité est bien celle-ci.

De très nombreuses écoles délabrées

Enfin la vérité éclate sur l’état des écoles marseillaises. Ça tourne depuis quelques temps sur les réseaux et sur les journaux locaux. C’est la lettre d’une enseignante à la ministre qui a mis le feu aux poudres. Contrairement aux réactions de Jean-Claude Gaudin, qui prétend qu’il ne s’agit là que de cas isolés et non-signalés, nous pouvons témoigner que la réalité est bien celle-ci. Oui, les enfants dans certains quartiers de Marseille, notamment ceux des quartiers nord et du centre ville, sont scolarisés dans des conditions déplorables : chauffage absent l’hiver, locaux amiantés, trous dans le plancher, fenêtres qui ferment mal, murs lépreux, cours de récréation fréquentées par les rats qui laissent derrière eux leurs déjections , mobiliers insuffisants pour faire asseoir et travailler les élèves,... La liste est longue et non exhaustive de toutes les misères scolaires que cachent les devantures de nos écoles marseillaises. Oui, Monsieur le Maire, la politique de la ville ne s’arrête pas au stade vélodrome, aux centres commerciaux et aux attrape-touristes.

Mais l’incurie de la mairie ne s’arrête pas là hélas...

Un taux d’encadrement particulièrement faible

En effet, que dire du taux d’encadrement des enfants de Marseille pendant les temps de cantine, l’un des plus faibles de France ? A titre de comparaison, lorsqu’il y a 2 personnes responsables de 24 enfants lors du temps de restauration scolaire à Lyon, il n’y en a qu’une seule dans les écoles maternelles marseillaises. Même logique dans les écoles élémentaires, avec cette fois, une personne pour 50 enfants à Marseille alors que le taux d’encadrement est d’un adulte pour 24 enfants à Lyon...

De plus, en maternelle, il n’y a pas une ATSEM par classe et leur tâche est plus étendue que dans certaines autres villes de France, à Marseille les ATSEMs sont également chargées du ménage. Elles sont très rarement (voire jamais) remplacées quand elles sont absentes, ce qui peut devenir critique pour la sécurité des enfants.

Temps périscolaires : amateurisme à tous les étages

Quant aux TAP (temps d’activité périscolaires), la mairie de Marseille fait preuve encore une fois de toute son incompétence. Non seulement leur mise en place a été longue et chaotique, mais de plus, elle a été faite encore une fois dans le plus grand amateurisme. Amateurisme qui ne permet pas d’accueillir les enfants dans de bonnes conditions et qui génère donc une fatigue supplémentaire, contrairement aux objectifs prétendus de la réforme. Amateurisme qui peut s’avérer dangereux tant les animateurs sont en sous-effectifs et peu formés. Amateurisme qui n’a d’égal que celui de nombre de ces associations, créées en toute hâte et qui ne respectent pas les droits les plus élémentaires des salariés. Ces salariés, qui se retrouvent entre le marteau et l’enclume, sont mal payés et souvent recrutés à la dernière minute sous des contrats précaires. Par ailleurs les associations à qui l’on délègue ces TAP ne sont pas toujours payées en temps et en heure, ce qui a pour conséquence la démission de certaines d’entre elles. Dernièrement c’est l’association SLFA, basée à Strasbourg, qui se désengage et par la même occasion licencie 92 personnes. Qui va assurer la prise en charge des TAP pendant ce temps ? Quid des salariés licenciés ? Les enfants de ces écoles vont-ils de nouveau se retrouver à la rue les mardis ou jeudis après-midi ? La sous-traitance est en train de s’installer insidieusement dans le domaine de l’éducation et avec elle, son lot de précarité.

Une politique éducative municipale au service du privé

SUD éducation 13 dénonce cette politique de la ville de Marseille qui se désengage de son devoir d’éducation. Quand on sait que simultanément cette même ville investit dans les écoles privées, en subventionnant un« gymnase » dans un établissement privé (250000 euros) peu avant les élections municipales, en augmentant très fortement le forfait annuel accordé par la commune aux élèves marseillais du privé de 10 euros soit 850 euros par enfant (en comparaison il est de 891 euros à Bordeaux, mais seulement de 597 euros à Lyon), en subventionnant les maternelles du privé alors que la loi ne l’y oblige pas, en contribuant à hauteur de 58 000 euros pour financer les travaux de l’établissement catholique privé Robert Schuman, situé dans le 3ème arrondissement, arrondissement le plus pauvre d’Europe... On l’aura compris, à Marseille ce n’est pas le service public gratuit d’éducation qui préoccupe nos élus. Bien au contraire, cette année nous assistons à une baisse des budgets alloués par la mairie aux écoles publiques (- 50% pour les budgets bibliothèques).

Mais parmi les responsables de cette situation, nous n’oublions pas d’inclure le ministère de l’Éducation nationale qui permet par sa réforme des rythmes scolaires, une ingérence encore plus importante des mairies et, par la même occasion, creuse un peu plus les inégalités territoriales.

Tout cela ne fait qu’aggraver les conditions de travail déjà bien difficiles des enseignants du premier degré, confrontés aux pressions hiérarchiques, à des classes surchargées, à l’insuffisance des diverses aides pour les enfants en difficulté (Rased, AVS, psychologues scolaires) et à l’augmentation de leurs obligations de services.

> SUD éducation réclame un moratoire sur les rythmes scolaires : la suspension de cette loi s’impose pour des raisons d’intérêt public.
> SUD éducation exige, comme la loi le prévoit, une évaluation de ce dispositif et la publication de cette évaluation ville par ville, ainsi que de façon plus globale sur l’ensemble du territoire.
> SUD éducation revendique un plan d’urgence pour une école plus juste, qui permette à chacun d’apprendre et d’exercer dans de bonnes conditions ...