Déclaration liminaire de SUD éducation au CSE du 9 avril 2021

vendredi 9 avril 2021
par  Sud éduc 34

Cette séance se déroule à la fin d’une semaine marquée par la décision du Gouvernement de fermer les établissements scolaires à presque tout le public, de modifier le calendrier des congés scolaires et les multiples dysfonctionnements dans la mise en œuvre de la continuité pédagogique.

Dès le mardi matin, les espaces numériques de travail des régions ont été fortement perturbés : connexions ralenties voire impossibles, instauration de quotas de connexion simultanées, visioconférence impossible… Le service du Cned n’a pas non plus été épargné. Dans de nombreuses autres collectivités, notamment les communes, les ENT ont été durant cette semaine par intermittence inaccessibles ou ralentis également. Alors que Jean-Michel Blanquer répète à l’envi “On est prêt” depuis plus de douze mois désormais, aucune leçon n’a été tirée par les différentes administrations des échecs successifs, et au premier chef celle de l’Éducation nationale. Ces défaillances, après douze mois de crise sanitaire, sont inacceptables. Les justifications soit hors-sujet, soit fantaisistes du ministre n’arrangent rien. SUD éducation revendique la reprise en main du numérique éducatif au sein du service public d’éducation, sous contrôle exclusivement public.

Le calendrier scolaire a été modifié. Pour SUD éducation les fermetures doivent être les plus courtes qu’il est possible tout en préservant les impératifs de santé publique, aussi la modification du calendrier scolaire paraît-elle un moindre mal.
Cependant, nous constatons que lorsque le CSE s’était penché en juin 2020 sur le projet d’arrêté fixant le calendrier scolaire, les organisations syndicales dont SUD éducation avaient largement critiqué l’organisation zonée des congés scolaires. Au-delà de la complaisance à l’égard des industries du tourisme hivernal qui ne concerne pourtant que la fraction la plus aisée de la population, les critiques portaient également sur les conséquences d’un tel zonage dans l’éventualité d’une nouvelle crise sanitaire, et le non-sens pédagogique de ce zonage. Le ministère avait refusé d’entendre. Voilà plusieurs mois que le ministère savait qu’une éventuelle fermeture des écoles et établissements était malheureusement sur la table. Il aurait donc pu consulter préventivement le Conseil sur un projet d’arrêté modificatif. Ce manque jette une nouvelle fois une lumière crue s’il en était encore besoin sur la cécité ministérielle en ce qui concerne la gestion de la crise sanitaire.

En ce qui concerne l’un des textes objet de cette séance, le projet d’instaurer des “professeur⋅es référent⋅es d’élèves” à moyens constants est une nouvelle illustration de la désorganisation qui préside à la mise en œuvre des réformes. Les groupes classes ont explosé en lycée avec la réforme du baccalauréat et des lycées dont SUD éducation revendique toujours le retrait. Cette réforme se révèle de toute évidence entièrement incompatible avec la situation que nous traversons depuis deux années scolaires maintenant. Qui plus est, l’inadéquation complète des desiderata ministériels avec la réalité du travail et de l’organisation pédagogique conduit à peser sur les fonctionnements des groupes classes et vider les conseils de classe de leur substance. Instaurer une mission de professeur⋅e référent⋅e pour un groupe d’élèves ne réglera pas au fond la question de l’usine à gaz qu’est la réforme du baccalauréat et du lycée. Pis, elle ajoute encore de la complexité, et accroîtra la charge de travail des personnels en échange d’une indemnité, au lieu de se traduire par une décharge de service.

C’est la même logique qui est à l’œuvre dans la proposition de loi Rilhac. Alors que la quantité de travail qui échoit aux directeurs et directrices d’école s’est considérablement accrue ces dernières années et en particulier depuis le début de la crise sanitaire, le texte soumis aux parlementaires prévoit de créer implicitement un échelon hiérarchique supplémentaire. Ce dont les personnels ont besoin, c’est au contraire d’un temps de décharge accru. Il est nécessaire d’affirmer une gestion coopérative et collective des tâches de direction. Ce temps devrait pouvoir être partagé entre les collègues d’une même école en fonction des souhaits exprimés par l’équipe pédagogique. SUD éducation revendique toujours en conséquence le retrait de cette proposition de loi qui va à l’opposé du projet d’école que nous portons, et mobilisera les personnels du premier degré en ce sens.

Cette déclaration est enfin le moment de rappeler solennellement que la rentrée scolaire aura lieu dans deux semaines. D’ici-là, le ministère doit se donner les moyens d’assurer une rentrée qui diffère du fiasco actuel de la gestion de la crise dans l’Éducation nationale. Il est urgent de recruter des personnels pour remplacer les absent⋅es, d’équiper convenablement les écoles, établissements et les personnels, de mettre à niveau les infrastructures, et d’honorer la promesse d’une campagne de vaccination massive dès le début du mois d’avril pour les personnels de la communauté éducative. Enfin, il convient d’annoncer au plus vite que des mesures soient prises en ce qui concerne l’adaptation des examens de fin d’année tels que le DNB et le baccalauréat. En particulier, SUD éducation continue de demander la suppression du grand oral et l’aménagement des programmes des examens.