Rentrée universitaire 2021 à Paul-Valéry : nous voulons du collectif et des moyens !

mardi 8 juin 2021
par  Sud éduc 34

Communiqué de Solidaires Etudiant-e-s Montpellier, SUD éducation UPVM3 et SUD Recherche EPST Montpellier

A la fin du mois d’avril, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal exposait à la radio ses projets pour la rentrée universitaire 2021 et déclarait : "on prépare une rentrée 100% en présentiel". Une telle déclaration lénifiante ne peut qu’inquiéter le personnel et les usager-e-s du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche : elle a en effet un air de déjà-vu, puisqu’une même rentrée en présentiel avait été annoncée pour septembre 2020, puis de nouveau promise pour janvier 2021, avant qu’à chaque fois une reprise épidémique soit suivie de mesures restrictives prises autoritairement et dans l’urgence par le pouvoir. Ne pas répéter à l’infini les mêmes erreurs suppose donc une réflexion quant aux conditions pratiques d’une rentrée en présentiel et aux modalités d’un enseignement à distance.

Préparer la rentrée dans des conditions sereines commence par refuser le chaos organisé par le pouvoir, lorsque les universités doivent subir les revirements soudains liés à la gestion autoritaire de la crise sanitaire, et qu’aux promesses de reprise en présentiel succèdent les fermetures brusques et les changements de protocole sanitaire imposés du jour pour le lendemain. Les missions de service public assurées par notre établissement nécessitent de s’inscrire dans la durée, loin du tempo de la communication politique. Il est donc important de remettre notre université, ses personnels et ses usager-e-s, au cœur du processus de décision concernant la gestion de la crise sanitaire, par l’entremise des conseils et des instances de représentation du personnel. C’est nous qui étudions et travaillons, nous qui connaissons le mieux notre établissement et ses missions : c’est donc à nous de décider.

Préparer la rentrée, c’est aussi mettre en place les conditions pratiques de l’enseignement présentiel, à commencer par l’installation de détecteurs de CO2 dans les locaux (bureaux, ateliers, salles d’enseignement, salles de réunion, etc), qui indiquent quand il est nécessaire d’ouvrir les fenêtres pour aérer, plutôt que de les laisser closes ou ouvertes en continu. Le rythme de l’augmentation de la charge virale dépendant du ratio entre le nombre de personnes présentes et la surface des locaux, la réduction de la taille des groupes est une nécessité, à l’inverse de la tendance à leur augmentation continue, en particulier pour les TD. Elle ne peut se faire qu’en créant des postes permettant d’assurer des groupes plus nombreux, en faisant une meilleure utilisation des locaux existants, en demandant la mise à disposition par le rectorat de locaux temporaires si nécessaire, enfin en refusant la pression à l’augmentation des effectifs imposée par le rectorat : le relèvement des capacités d’accueil des formations doit être conditionné à l’attribution de postes pérennes.

Le dispositif dit de DEP (étudiant-e dispensé-e d’enseignement présentiel), mis en place au second semestre de l’année université 2020-2021 dans notre université, a pu correspondre à des besoins dans une situation d’urgence. Cependant, il s’agit d’un dispositif qui redouble le travail des enseignant-e-s sans prise en compte dans leur service, et surtout sans permettre une prise en charge pleine des étudiant-e-s à distance. Cessons donc de faire croire qu’il serait possible de suivre à distance l’enseignement présentiel, mais prenons au sérieux les besoins d’un enseignement à distance : supprimons le dispositif de DEP mais étoffons l’EAD (enseignement à distance) en tant que possibilité de délivrer et de suivre un vrai cursus à distance. Cela nécessité la création des postes nécessaires pour l’assurer, un temps considérable d’élaboration pédagogique nécessitant la juste prise en compte de cet EAD dans les services des enseignant-e-s, ainsi que l’abrogation de la majoration des frais d’inscription pour les étudiant-e-s inscrit-e-s en EAD.

Enfin, la crise sanitaire a amplifié les effets de la crise structurelle de l’université en même temps qu’elle a tendu à la masquer. Même en l’absence de la Covid-19, la rentrée 2020 aurait été particulièrement difficile, tout comme l’avaient été les dernières rentrées marquées par un sous-encadrement de plus en plus aigu, c’est-à-dire un écart croissant entre les besoins en matière de formation et les moyens dont dispose notre université pour les assurer. Pour cette raison, la fin de la crise sanitaire, si et quand elle survient, ne permettra de sortir de l’urgence et des palliatifs qu’à condition de recréer les conditions pérennes de l’accomplissement des missions de notre établissement, et plus largement de l’université publique. Cela veut dire la création des postes de titulaires nécessaires, la mise à disposition de locaux pérennes pour accueillir les étudiant-e-s en effectif réduit et dans de bonnes conditions, ainsi que l’augmentation pérenne des aides sociales apportées aux étudiant-e-s pour enfin aller vers la mise en place d’un véritable salaire étudiant.