14 élèves en ULIS ? C’est beaucoup trop ! - Courrier du collectif des coordonnateurs de l’Hérault

jeudi 10 juin 2021
par  Sud éduc 34

Collectif des Coordonnateurs ULIS collèges et lycées de l’Hérault :
collectifcoordosulis34@gmail.com

A l’attention de :
M. le DASEN C.MAUNY

S/C de M. CAZANAVE
IEN-ASH de l’Hérault

OBJET : Demande de l’application du BO du 21-08-2015

Monsieur,

Le BO du 21-8-2015 précise au sujet des Ulis dans le second degré que : « Le nombre d’élèves qui bénéficient du dispositif au titre d’une Ulis collège ou lycée ne dépasse pas dix. [...] L’IA-DASEN peut également augmenter l’effectif d’une Ulis donnée si la mise en œuvre des PPS des élèves le permet.

Les critères de modulation du nombre d’élèves bénéficiant de l’Ulis s’appuient sur les temps de présence effectifs dans le dispositif et les temps d’inclusion scolaire en classe ordinaire ainsi que sur les projets personnalisés de scolarisation."

Au fil des années, nous avons vu augmenter nos effectifs de façon constante et nous venons d’apprendre qu’à la rentrée 2021 ceux-ci allaient passer à quatorze !

Or, contrairement à ce qu’indiquent les textes officiels, les temps d’inclusions de nos élèves en classe ordinaire ont stagné voire largement régressé au vu du public accueilli dans le dispositif Ulis. En effet, le nombre d’élèves ayant des niveaux cognitifs de cycle 2 -voire de cycle 1- en fin de collège, ainsi que d’élèves en difficulté sociale, affective, psychologique ou présentant des troubles du comportement est exponentiel. Aujourd’hui, l’Ulis collège accueille également bon nombre d’élèves ayant des notifications pour une orientation en IME, en IMPro ou encore en ITEP et qui n’ont pas pu être affectés dans les établissements qui correspondraient à leurs besoins par manque de place.

Les conséquences sont :
- des élèves en réelle souffrance lors des inclusions dans les classes d’affectations du fait d’un écart cognitif s’accroissant au fur et à mesure de leurs années au collège et ce malgré les efforts d’adaptation de la plupart de nos collègues,
- des élèves aux besoins spécifiques et éducatifs tellement différents qu’ils nécessitent non plus des adaptations par groupes de besoin mais des adaptations individuelles que ne permettent pas de tels effectifs,
- des enseignants en classe ordinaire qui nous demandent, au vu du nombre croissant dans leur classe d’élèves à Besoins Educatifs Particuliers (élèves avec un PPS, PAP, PAI, PPRE, migrants,...), de limiter ou d’interrompre en cours d’année l’inclusion de nos élèves dont ils ne peuvent gérer ni les écarts de niveau cognitif, ni les besoins spécifiques, ni les troubles du comportement.

Nos missions consistent à la mise en place des emplois du temps individualisés ainsi qu’au suivi des nombreuses modifications à y apporter au fur et à mesure des besoins, à l’organisation des cours dans toutes les matières pour tous les niveaux, des contrôles de chaque élève dans chaque matière, des évaluations diagnostics de rentrée, des PPI, à la rédaction des géva-sco...

Nous devons assurer l’enseignement de 21 heures avec 21 configurations différentes d’élèves face à nous. Dans la même heure, nous devons par exemple construire la notion de catégorisation des problèmes pour des élèves de niveau de début de cycle 2, assurer la compréhension du théorème de Thalès d’un élève de 3ème qui passe le DNB pro, aménager un contrôle sur les séismes en 4ème d’un élève qui vient le refaire au sein du dispositif Ulis car il n’a presque rien su faire durant l’heure
en inclusion, aider à la compréhension d’un cours en anglais ou en histoire parce que le collègue nous a expliqué que sans cette aide, l’élève inclus était trop « en décalage ».... Nous attirons votre attention également sur le temps, très conséquent, que nous passons au quotidien pour gérer les conflits entre nos propres élèves du dispositif ou entre nos élèves et leurs pairs au sein du collège. Ces conflits et problèmes de comportement sont partie inhérente aux divers troubles cognitifs et troubles associés dont souffrent les élèves accueillis en Ulis mais leur gestion est réellement
chronophage.

Nous tentons de répondre aux sollicitations d’aide d’une trentaine de collègues puisque l’accroissement de nos effectifs a eu pour corollaire l’accroissement du nombre de classes dans lesquelles nos élèves sont inscrits. Nous gérons donc la coordination de très nombreuses équipes éducatives et sommes invités à autant de conseils de classe. Nous veillons avec les CPE, les enseignants et les AED à l’intégration et à la participation des élèves de l’ULIS aux activités éducatives, culturelles et sportives et au projet d’établissement. Nous organisons des sorties scolaires spécifiques au dispositif. Nous préparons les élèves en vue du passage du CFG et parfois même du DNB. Nous les aidons à rédiger les dossiers et à préparer les oraux de ces examens de façon individuelle.

Nous préparons activement l’orientation de nos élèves et travaillons de concert avec la COP Psy-EN de notre établissement. Nous organisons et suivons les stages en entreprises, les visites et les immersions en ateliers en lycées professionnels, SEGPAs ou autres établissements susceptibles d’accueillir nos élèves après la 3eme. De plus, nous sommes face à une problématique nouvelle puisqu’il nous est maintenant demandé de préparer également une orientation en Lycée Professionnel pour les élèves notifiés IME alors même que ces élèves, pour la très grande majorité, ne sont pas en capacité d’ intégrer des entreprises en dehors de milieux protégés.

Nous recevons, écrivons ou appelons régulièrement les familles, les assistantes sociales, les éducateurs, les psychologues, les orthophonistes, les neuropsychologues...ou encore les chauffeurs des taxis adaptés qui sont en charge de nos élèves.
Et comme une journée a plus de douze heures, nous nous connectons encore à l’ENT ou Pronote, gérons des dizaines de mails quotidiens de nos collègues enseignants, AED, CPE, chefs d’établissement ou encore des secrétaires qui nous font suivre toutes les informations envoyées aux
PP de 6ème, 5ème, 4ème et 3ème,...

Aujourd’hui, des moyens insuffisants ne permettent plus d’assurer pour tous nos élèves leur bien-être, la meilleure progression possible et leur préparation à une orientation en adéquation avec leurs choix et leurs possibilités. Tout ceci génère de la souffrance au travail. Le nombre de dispositifs ULIS reste malheureusement encore insuffisant au vu des besoins.

Enfin, nous tenons à vous informer de notre totale solidarité avec les personnels AESH qui subissent des bas-salaires aggravés par des temps de travail incomplets imposés. Si leurs conditions de travail ne s’améliorent pas, les départs qui sont déjà fréquents vont continuer à s’enchainer alors même que leur présence et la constitution d’équipes pérennes est tout simplement nécessaire pour que soit viable l’inclusion scolaire.

Au vu de la réalité exposée ci-dessus, nous demandons donc l’application de la circulaire de 2015 avec un retour à un effectif de 10 élèves par Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire.

A ce jour, les syndicats SNALC, Sud Éducation et FO dont un certain nombre d’entre nous sommes adhérents, sont informés de notre démarche et nous soutiennent dans notre action collective.

Vous êtes, Monsieur, le garant du respect de l’égalité des chances de réussite pour tous et, à ce titre, nous vous remercions par avance pour votre réponse, qui nous l’espérons sera favorable à une meilleure prise en charge des élèves en situations de handicap au sein de nos établissements. Afin de pouvoir exprimer nos revendications, nous sollicitons une audience de votre part pour être reçus en délégation.

Nous vous prions, Monsieur, de croire en notre profond attachement à un service public d’éducation de qualité.

Le collectif des coordonnateurs d’ULIS-collège de l’Hérault signataires,
avec le soutien des organisations syndicales SNALC , Sud Education et FO.

14 élèves en ULIS ? C’est beaucoup trop ! - Courrier du collectif des coordonnateurs de l’Hérault