Baccalauréat : démasquons Blanquer ! La mascarade a assez duré !

jeudi 1er juillet 2021
par  Sud éduc 34

Communiqué des professeur-es de philosophie mobilisé-es dans l’académie de Montpellier
Jeudi 1er juillet 2021

Cela fait maintenant 2 ans que nous (professeurs, élèves, personnels éducatifs, personnels administratifs et parents) subissons les effets de plus en plus néfastes d’une "refonte" honteuse de nos conditions de travail, d’apprentissage et d’éducation communes et individuelles.

Depuis que la réforme dite "Blanquer" du lycée général et technologique n’était qu’à sa première forme de "projet Mathiot", de nombreuses mobilisations ont eu lieu pour refuser à la fois le fond et la forme de ce prototype destructeur de l’éducation, de nos métiers, des apprentissages et de tout ce que l’on est en droit d’attendre de l’école publique.

En juin 2019

Partout en France des correctrices et des correcteurs ont voté la rétention des notes pour manifester leur désaccord avec cette réforme.
Le ministre n’a alors rien trouvé de mieux que d’agir illégalement pour contrer notre action, plutôt que favoriser un vrai dialogue, des vraies consultations, une réelle discussion collective pour nos élèves, les enfants de l’école publique !

En mars 2020

Un grand nombre d’enseignant-es, partout en France, se sont mobilisé-es contre les évaluations des E3C.
La répression des enseignants grévistes a été particulièrement sévère : rétrogradations, mises à pied,...

En juin 2021

De nouveau, les professeur-es de philosophie, partout en France, s’organisent pour dénoncer une correction du baccalauréat en Philosophie numérisée, surveillée, quantifiée, cantonnée à un logiciel (Santorin) qui ne permet pas de trier correctement les copies, ni de les harmoniser au sein d’un même lot. De plus, cette correction n’est qu’une mise en scène de contrôle terminal puisque les notes de contrôle continu seront substituées aux notes d’évaluation des copies jugées trop basse.

Démasquons donc une bonne fois pour toutes une réforme du lycée qui accroît les inégalités entre les établissements, les élèves et les Académies (régions et départements) et qui a détruit le baccalauréat, diplôme national qui garantissait une égalité entre les élèves quelle que soit leur origine géographique.

En effet c’est une réforme qui :

- met les lycées en concurrence pour l’obtention de spécialités rares
- accroît les inégalités entre les élèves, qui ne sont pas tous en mesure de faire un choix de spécialités en accord avec leurs souhaits d’orientation
- casse le groupe classe qui permettait la mise en place de projets et sorties hors des murs du lycée désormais rendus impossibles
- casse l’équipe pédagogique qui permettait de suivre les élèves individuellement
- transforme le baccalauréat national en un examen local dont la valeur varie en fonction de la réputation du lycée, en raison de l’instauration du contrôle continu dont la part sera encore accrue à la rentrée de l’année scolaire 2021-2022
- et au fond transforme le Lycée en entreprise d’évaluation incessante plutôt qu’en un lieu d’apprentissage et d’ouverture au monde.

À cela s’ajoutent d’autres problèmes :

- le contrôle continu qui favorise le bachotage et dégrade les relations entre les
enseignant.e.s, leurs élèves et les parents parce que chacun des devoirs notés sont comptés pour le baccalauréat,
- l’éclatement du groupe classe en raison des choix de spécialités des élèves augmente considérablement le nombre d’élèves (jusqu’à 36) dans les quelques matières restantes du tronc commun, compromet gravement la possibilité de créer une cohésion du groupe, et nuit au travail et au suivi des élèves dans ces disciplines fondamentales.

Cette réforme inégalitaire s’accommode, par ailleurs, parfaitement de Parcoursup, le logiciel de tri social pour l’entrée dans les études post bac, qui gère la pénurie de moyens dans le supérieur en sélectionnant les élèves selon des critères tels que le lycée d’origine, les activités extra-scolaires, la lettre de motivation, etc.

Manifestons nombreux et nombreuses LE 7 JUILLET A 14H pour marquer notre refus de la fin du baccalauréat national, garant de l’égalité des élèves.

Rendez-vous à Montpellier : devant le rectorat, rue de l’Université

SOYONS NOMBREUSES ET NOMBREUX !

Baccalauréat : démasquons Blanquer ! La mascarade a assez duré !

Communiqué des correcteurs et correctrices de l’épreuve de philosophie du baccalauréat 2021 dans l’Académie de Montpellier
Mardi 29 juin 2021

Nous, correcteurs et correctrices de l’épreuve de philosophie du baccalauréat 2021 dans l’Académie de Montpellier, dénonçons de nouveau les conditions de correction qui nous ont été imposées cette année :

- instauration d’une correction via le logiciel Santorin : Le fait de scanner les copies, de les stocker sur des serveurs et de les corriger en ligne est une aberration écologique. Les nombreux cas de copies mal scannées, non anonymisées, etc. ont compliqué le travail de correction. De plus, ce logiciel vise à instaurer une surveillance inutile et inacceptable de notre travail de correction. La création d’un nouveau statut de coordonnateurs de correction invités à surveiller le travail de leurs collègues via Santorin est inadmissible. Le logiciel Santorin permet une redistribution continue des copies entre les correcteurs et correctrices, empêchant toute organisation du travail de correction. Nous avons constaté des redistributions tout au long de la période de correction. Enfin, la correction en ligne rend très difficile la comparaison des copies ainsi que le travail d’harmonisation entre les correcteurs et correctrices,qui font partie intégrante de notre travail de correction.

- raccourcissement du délai de correction : Jusqu’ici nous avions jusqu’au 2 ou 3 juillet pour corriger nos copies, cette année nous disposons seulement de 7 jours ouvrés (réunion d’harmonisation comprise) pour corriger l’intégralité de nos copies. Ce délai est largement insuffisant pour effectuer notre travail de correction.

- augmentation du nombre de copies par correcteur et correctrice : L’organisation du grand oral en même temps que la correction de l’épreuve écrite de philosophie a conduit à une augmentation du nombre de copies par correcteur et correctrice. Certain-e-s collègues ont en effet reçu des demi-paquets afin de participer aux jurys du grand oral, ce qui a mécaniquement augmenté le nombre de copies dans les paquets de tou-te-s les autres. En outre, des collègues ayant des paquets complets (de 130copies) ont également été convoqué-e-s pour pour les jurys du grand oral.

Réuni-e-s en assemblée générale aujourd’hui mardi 29 juin, nous constatons notre impossibilité déterminer la correction de nos copies et l’harmonisation des notes au sein de notre lot de copies dans le délai imparti.

Nous décidons donc de terminer correctement notre travail de correction et d’évaluation en prenant les deux journées supplémentaires nécessaires pour ce faire.

Nous demandons, dès l’année prochaine :


- l’abandon du logiciel Santorin et le retour à une correction des copies originales dans leur version papier
- le retour à un délai raisonnable de correction, c’est-à-dire deux semaines minimum
- le retour à des réunions d’harmonisation permettant aux collègues de se retrouver physiquement.

Nous continuons de revendiquer l’abrogation de la réforme du bac et du lycée, et le retour à un examen national du baccalauréat.

Les professeurs mobilisés de l’Académie de Montpellier

Communiqué bac philo - 29 juin 2021