Les établissements privés, territoires de l’homophobie ordinaire autorisée ?

mardi 21 mars 2017
par  Sud éduc 34

Communiqué du Collectif Education contre les LGBTphobies en milieu scolaire et universitaire
lundi 13 mars 2017

Dans le cadre de séances de pastorale consacrées à l’amour, un livret comportant des propos pour le moins choquants sur l’homosexualité et sur l’IVG a été distribué à des élèves du lycée privé Notre-Dame Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine.

Le père Jean-Benoît Casterman, prêtre de la communauté Saint-Jean, à l’origine du document, est bien connu des milieux traditionalistes et réactionnaires catholiques. Il affirme entre autres que l’homosexualité est une « tendance » qui résulte de « perversions d’adultes » et qu’une jeune fille ayant recours à une IVG le « regrettera toute [sa] vie ». Malgré les excuses du chef d’établissement et une volonté affirmée de faire la lumière sur les circonstances de cette distribution, l’affaire ne peut s’arrêter là. Combien de Neuilly ailleurs en France ? Dans combien d’établissements privés sous contrat, des citoyen-nes, des adultes en construction sont-ils/elles mis-e-s face à des déclarations mensongères et des idées génératrices de haine et d’exclusion, y compris de haine de soi ? Rappelons que de tels propos tombent sous le coup de la loi.

Certes, les établissements sous contrat ont des libertés. Certes ils peuvent, hors du temps scolaire, organiser des activités qui sortent des programmes de l’Education nationale. Mais nous ne pouvons accepter qu’un établissement scolaire, dans son message péri-scolaire, aille à l’encontre de la mission de service public qui lui est dévolue par le contrat d’association.

Le Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire s’insurge contre ces agissements qui visent à stigmatiser, à accuser et qui peuvent avoir des conséquences dramatiques chez des adolescent-es déjà fragilisé-e-s, et les dénonce avec force.

Il est urgent de réagir, de ne plus se taire face à ces utilisations plus que douteuses de temps pédagogiques. Car, si quelques adolescent-es osent exprimer leur choc face à la présentation du manuel Lejeune sur l’IVG ou face à l’étude de ce livret « Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle », combien sont mis-es face à ces théories intolérantes sans distance critique ou se taisent par peur des représailles ? Faut-il rappeler les chiffres de la sursuicidialité chez les jeunes LGBT ?

Le Collectif interpelle les pouvoirs publics et leurs demande de prendre leurs responsabilités face à de telles dérives et de faire appliquer le droit dans l’ensemble des établissements. Le Collectif n’a de cesse de rappeler que tous les personnels doivent être formés contre les discriminations sexistes et LGBTphobes, au début et tout au long de leur carrière.