Communiqué du collectif philosophEs

mardi 16 mai 2017
par  Sud éduc 34

La fédération SUD éducation relaie cette tribune du collectif philisophEs qui va dans le sens de nos revendications sur les droits des femmes.

Communiqué du collectif PhilosophEs

Le CNRS proposait cette année 5 postes de chercheurs en philosophie, littérature et sciences de l’art. À l’issue des auditions, les résultats d’admissibilité viennent d’être rendus publics : les 5 candidats classés en liste principale sont des hommes, choisis à partir d’un vivier de 224 candidat-e-s composé de 46% de femmes. 5 postes, 5 hommes.
Parmi les sciences humaines et sociales, la philosophie a longtemps détenu le triste record du privilège masculin. Ces dernières années, nous constations que cette tendance s’inversait : le ratio femme-homme dans les recrutements se rapprochait des proportions rencontrées dans les candidatures, tant au CNRS (chargé-e-s de recherche) que dans les universités (maître-sse-s de conférences). Soulignons, en outre, qu’au CNRS la section 35 du Comité national, chargée du recrutement, comprend aussi les sciences philologiques et les sciences de l’art, où la présence féminine est traditionnellement plus élevée qu’en philosophie.
Que s’est-il donc passé en 2017 ? 46% des candidat-e-s déclaré-e-s aptes à concourir, c’est-à-dire doté-e-s des titres et travaux requis pour les concours, étaient des femmes. Le fameux « plafond de verre » a un peu commencé à s’abaisser pour la phase d’audition : 40% des candidat-e-s admis à l’audition étaient des femmes. Mais à l’issue des délibérations du jury, le verre du plafond s’est transformé en béton armé : 100% des candidats classés sur listes principales sont des hommes.
Cela faisait bien longtemps qu’on n’avait plus vu un résultat aussi affligeant au CNRS. Nous demandons donc : après plusieurs années de recrutement équilibré, les 104 candidates de 2017 ont-elles soudain failli ? Ou ont-elles déplu au jury (pour des raisons qui ont davantage trait à leur genre qu’à leurs « compétences ») ?
Nous savions que les femmes étaient les principales victimes de la raréfaction des recrutements dans la recherche et l’enseignement supérieur. Au CNRS, le jury de philosophie, philologie et sciences de l’art vient d’en donner une preuve caricaturale. Nous ne pensons pas que les combats puissent se séparer, et c’est de front que nous luttons pour le développement de l’emploi scientifique des femmes et la fin du sexisme académique.
Nous, philosophes et femmes, rassemblées en collectif, avons confiance dans l’engagement du CNRS pour la parité entre femmes et hommes. Nous attendons donc que l’organisme prenne des mesures opérationnelles pour accroître le nombre de femmes dans la communauté scientifique et pour ne pas décourager les jeunes chercheuses qui souhaitent s’engager dans les carrières de recherche.

Collectif PhilosopheEs
Avril 2017