Déclaration des assises de Nanterre (du 15/06/2018) sur l’enseignement de la philosophie en lycée et à l’université.

jeudi 5 juillet 2018
par  Sud éduc 34

Chapitre 1 : la demande préalable des organisations syndicales.

Les organisations syndicales présentes (CGT Educ’action, SNES-FSU, SNESUP-FSU, SNFOLC, SUD Education), constatant que les réformes dites Vidal-Blanquer ( accès à l’enseignement supérieur, baccalauréat et lycée ) font système, demandent leur retrait.

Elles appellent à l’ouverture de véritables discussions sur ces différents points, obéissant à un calendrier compatible avec la prise en compte sincère des propositions des différentes parties prenantes.

Chapitre 2 : une mise en danger de l’enseignement de la philosophie.

- 4 dégradations immédiates :

1) l’alourdissement prévisible des effectifs dans les classes de tronc commun du lycée Blanquer (suite à la suppression des séries générales),

2) un enseignement approfondi de la philosophie marginalisé à travers la spécialité « humanité, littérature et philosophie » (faute d’être financé à hauteur de l’horaire annoncé, la réforme du lycée se faisant à moyens constants) ,

3) l’absence de dédoublements en séries technologiques aggravant la situation laissée par la réforme Chatel,

4) une mise en concurrence universelle (entre les lycées, les personnels et les disciplines…).

- les effets néfastes de parcoursup (associé à la réforme du baccalauréat et du lycée), quant à l’orientation des étudiants vers les départements de sciences humaines (dont le département de philosophie), alors que la philosophie au lycée sera pour le plus grand nombre, cantonnée à un enseignement de 4h (suite à la disparition de la série L dont provient plus de la moitié des étudiant en philosophie).

- la mise en danger des départements de philosophie des petites et moyennes universités, dont la survie sera subordonnée par la loi ORE (et son amendement Grosperrin) à une obligation d’insertion sur le marché du travail. Mais aussi, le risque de voir l’enseignement de la philosophie dans le supérieur, hormis quelques îlots d’excellence préservés dans de grosses structures, se réduire au rang d’enseignement supplétif adossé à des formations autres que philosophiques.

- la mise en concurrence des universités, logique inscrite depuis le début des années
2000 dans la stratégie dite « de Lisbonne », relayée par la réforme LRU de 2007 et 2013 et dont la sélection à l’entrée de l’université n’est qu’une conséquence (en attendant la libéralisation des frais d’inscriptions sur le modèle anglo-saxon).

Chapitre 3 : des revendications communes !

Nous rappelons que l’enseignement de la philosophie, suppose un cadre scolaire (lycée, université) où la laïcité et le libre usage de la raison font loi et donc, sont garantis par la loi. Cette garantie passe par un financement public et par la défense du statut de la fonction publique, autant de points menacés par ce qu’on nous présente aujourd’hui, comme des réformes censées protéger ce qu’elles détruiront à coup sûr, si nous ne faisons rien.

Ces assises réaffirment donc leur volonté de rendre « la philosophie populaire », projet émancipateur indissociable de la défense d’un service public d’éducation ambitieux.

1) sur les conditions de son enseignement pour le lycée :

- des créations de postes aux concours externes en rapport avec l’évolution des effectifs élèves (pour remédier a minima, au décrochage croissant que nous constatons entre le nombre d’enseignants et le nombre d’élèves, depuis le début des années 2000. A taux d’encadrement égal, nous estimons avoir perdu 1 professeur de philosophie sur 10, sur cette période).

- un plan ambitieux de titularisation des précaires (enseignants contractuels), dont
l’augmentation régulière à titre de variable d’ajustement, est indigne d’un service public d’éducation.

- la baisse des effectifs par classe (dans toutes les séries : générales et technologiques), ainsi que des dédoublements obligatoires en séries technologiques (garantis par un cadre horaire national) : conditions sine qua non de la démocratisation de l’enseignement de la philosophie.

- des délais de corrections des écrits du baccalauréat revus à la hausse (en avançant la date des épreuves).

- la possibilité d’un enseignement approfondi de la philosophie (supérieur à 4h) garanti par un horaire national (étant entendu que cette demande ne concerne pas tous les élèves).