Réforme du lycée pro rejetée par le CHSCT ministériel : trop dangereuse pour les personnels !

jeudi 19 septembre 2019
par  Sud éduc 34

Le CHSCT ministériel (comité hygiène, sécurité et conditions de travail), réuni le 5 septembre, a voté majoritairement pour l’abandon de la réforme du bac pro en raison des risques psychosociaux qu’elle fait courir à ses personnels.

Cette réforme a été menée au pas de charge sans véritable concertation des enseignant-e-s et de leurs organisations représentatives. Aucun bilan n’a non plus été tiré de l’impact de la réforme du bac pro en 3 ans. Pourtant, il y a dix ans, celle-ci prétendait remettre les élèves sur le chemin de la réussite en supprimant une année d’étude et des heures de cours. Elle fragilisait déjà l’enseignement au lycée professionnel.

Plus personne ne peut aujourd’hui croire que l’intention des artisans de la nouvelle réforme est de favoriser la réussite d’élèves majoritairement issus des milieux populaires et qui, le plus souvent, arrivent en lycée professionnel en situation d’échec scolaire.

Le fil rouge de la réforme est de supprimer des heures de cours, des postes. Elle s’inscrit dans une logique de réduction des dépenses publiques et de privatisation.

Concrètement, cette réforme diminue le temps d’enseignement général proposé aux élèves (par exemple, en CAP on passe à 2 heures par semaine de français, histoire-géographie et EMC réunis). Conséquence à moyen terme pour les élèves : un affaiblissement de la culture générale qui ne sera pas sans effet sur la liberté qu’ils auront de poursuivre leurs études. Possibilité déjà rendue plus difficile par la mise en place de Parcours sup.

En réduisant le volume horaire des matières liées à la culture générale, le gouvernement assume d’empêcher ces élèves de devenir des citoyens éclairés : capables d’esprit critique et de libre arbitre.

Concrètement cette réforme rend les emplois du temps plus complexes et illisibles : aux heures d’enseignement général – réduites au strict minimum – et d’enseignement professionnel, se greffent des heures de co-intervention imposées (enseignement général + enseignement professionnel), mises en place sans heures de concertation entre les enseignant-e-s des différentes disciplines. Si le rapprochement des maths et de l’électrotechnique peut avoir du sens, que dire de l’association du français et des travaux publics ? Aux enseignant-e-s de se triturer le cerveau pour trouver des progressions cohérentes au risque d’un affaiblissement et d’une perte de légitimité de l’enseignement général, au risque d’un épuisement professionnel.

Dans ces emplois du temps s’ajoutent encore des heures de chef d’œuvre (réalisations concrètes réunissant toutes les disciplines) et des heures de consolidation des acquis en mathématiques et français sans dédoublements. Quels acquis consolider alors que les heures qui leur sont dédiées ont été réduites à néant ?

Dans un an, deux ans… quand il sera manifeste que cette réforme ne marche pas, les heures de chef d’œuvre, de co-intervention seront supprimées – comme ce fut le cas de feu les PPCP (projets pédagogiques à caractère professionnel) – et les postes avec… puis ce sera au tour de l’enseignement général de disparaître des lycées professionnels. C’est dans cet esprit que cette réforme a été conçue.

Le CHCST ministériel a donc eu raison de censurer cette « réforme » mais son abandon ne peut s’envisager sans une réaction forte des personnels. Blanquer a deux mois pour répondre. Nous aussi !