Protection sociale complémentaire : où en est-on  ?

jeudi 15 juin 2023
par  Sud éduc 34

Article de SUD éducation
Samedi 10 juin 2023

Les organisations syndicales du Ministère de l’Éducation nationale négocient actuellement au sujet de la protection sociale complémentaire. SUD fait le point sur les avancées pour les personnels.

Qu’est-ce que la protection sociale complémentaire ?

C’est l’équivalent des complémentaires santés financées à 50% par l’employeur dans le secteur privé depuis 2016.

Qui est concerné par la PSC dans l’éducation et l’ESR ?

Tout le monde est concerné par le dispositif, car il sera proposé à tous les personnels en activité ou retraités, fonctionnaires ou contractuel·les. Les conjoint·es, partenaires, ou concubin·es, ainsi que les enfants sont également concerné·es.

Quand cela s’appliquera-t-il ?

Au premier janvier 2025.

Mais j’ai déjà une complémentaire !

Comme le régime sera obligatoire pour les actif·ves, mieux vaut éviter de payer deux fois ! Il faudra donc résilier, sans frais, la complémentaire actuelle. SUD a demandé la mise en œuvre d’une campagne d’information précise à destination de tous les personnels ainsi que des retraité·es pour les informer du droit à résilier.

La nouvelle complémentaire sera obligatoire ?

Si vous êtes en activité, en principe, oui. Quelques cas de dérogation sont prévus :

- si vous êtes éligible à la complémentaire santé solidaire, parce que vos revenus sont trop bas ;
- si vous êtes en CDD et que vous avez déjà une mutuelle ;
- si vous êtes ayant droit d’une personne bénéficiant déjà d’une complémentaire santé obligatoire, soit dans le privé, soit dans la fonction publique.

Si vous êtes retraité·e, non. Mais le nouveau régime, facultatif, n’en reste pas moins intéressant pour vous.

Mon état de santé sera-t-il pris en compte pour mon adhésion au nouveau système ?

Non, cela fait partie des garanties négociées par les organisations de la fonction publique de l’État. L’adhésion au nouveau régime se fait en dehors de critères d’âge et sans questionnaire médical préalable. Ce sont des garanties importantes notamment pour les personnels qui rencontrent des problèmes de santé importants ou sont en situation de handicap.

Quel sera le niveau de remboursement de la complémentaire ?

Le niveau de remboursement qui sera pratiqué est public. Il sera le même pour toute la fonction publique de l’État. SUD éducation et Solidaires Fonction publique revendiquent l’amélioration de ce régime de base avec le financement de l’employeur.

Le niveau de prestation dans ce cahier des charges est cependant déjà supérieur au niveau de prestation des contrats de la grande majorité des personnels et retraité·es.

Y aura-t-il des mécanismes de solidarité ?

Oui. Des mécanismes de solidarité sont prévus explicitement dans les textes publiés. Les actif·ves cotiseront pour aider les retraité·es, selon des modalités qui sont en cours de discussion entre les organisations syndicales et le ministère.

Pour SUD, il est essentiel que les retraité·es puissent bénéficier d’une protection sociale complémentaire de bon niveau à un tarif raisonnable, tout en n’augmentant pas trop les cotisations des bas salaires.

Un mécanisme prévoit également une demi-cotisation pour les enfants de l’agent·e, et la gratuité à compter du troisième enfant.

Combien coûtera la complémentaire ?

On ne pourra obtenir un tarif précis qu’une fois la négociation aboutie et la complémentaire sélectionnée. Pour donner un ordre d’idée, la complémentaire coûtera environ autant qu’aujourd’hui, pour des prestations souvent supérieures. Le tarif effectivement payé par les agent·es en activité sera bien moindre, en raison de la prise en charge par l’employeur de la moitié de la cotisation d’équilibre.

Cette subvention remplacera les 15€ actuellement versés pour les agents ayant souscrit à une complémentaire dite “responsable”. Elle lui sera largement supérieure.

Pour donner une idée, le gouvernement prévoit en année pleine 600 millions d’euros pour le dispositif, pour 1,2 millions d’agent·es environ, ce qui conduit à un financement à hauteur d’environ 40 euros par mois par agent·e.

Est-ce que le tarif variera en fonction de l’âge ou de la santé ?

Le tarif sera unique pour tous les personnels en activité, quel que soit l’âge ou les conditions de santé, ainsi que pour les ayants droit.

Il sera ajusté légèrement à la hausse ou la baisse pour ce qui concerne la partie de la cotisation qui servira à financer les dispositifs de solidarité (30% de la part payée par l’agent·e).

Pour les retraité·es, le tarif augmentera selon des modalités qui restent à définir. En tout état de cause, il sera plafonné. D’après nos projections, nous estimons que les mécanismes de solidarité permettront de réduire significativement le tarif pour les retraité·es en comparaison de ce qu’ils et elles paient aujourd’hui.

Ces mécanismes de solidarités connaissent cependant un plafonnement notamment pour les revenus qui sont au-delà du plafond mensuel de la sécurité sociale (réévalué chaque année), leur participation de solidarité se fera sur la base de ce plafond laissant de côté leur part de revenus au-delà du plafond qui est en 2023 de 3 666€ brut mensuel. Pour SUD comme pour Solidaires fonction publique, la volonté du gouvernement de plafonner les cotisations de solidarité des hauts revenus est inacceptable.

Je risque de ne pas pouvoir payer, car mon salaire est trop bas.

C’est un véritable problème. Pour SUD, le dispositif ne doit pas conduire à laisser de côté les bas revenus.

La première solution, ce serait déjà d’augmenter significativement les salaires des personnels contractuel·les (notamment des AESH et AED) ainsi que des personnels en catégorie C et B.
En parallèle, SUD revendique un mécanisme de subventionnement et d’aide spécifique inconditionnel pour les faibles revenus, et a formulé proposition en ce sens au ministère.

Je risque de ne pas pouvoir payer, car ma pension est trop basse.

Les organisations syndicales discutent actuellement de la constitution d’un fonds de solidarité qui aura pour vocation d’aider les retraité·es percevant une faible pension à bénéficier d’une solidarité accrue.

Sera-t-il possible d’améliorer la couverture de base ?

Oui. Le ministère de la fonction publique a décidé de financer une couverture facultative en plus à hauteur de 50% dans la limite de 5€ mensuels pour les agent·es actives.

Pour SUD, il convient que la différenciation entre la couverture de base et les options ne conduise pas à reproduire des inégalités importantes. En conséquence, SUD porte deux points principaux dans les négociations :

l’existence d’une option à 10€ mensuels, permettant un financement à 50% par l’employeur, et qui constitue une amélioration significative du panier de soin obligatoire.
la limitation du nombre d’options proposées à deux au maximum.

Qui choisit la complémentaire ?

Le ministère organisera un marché sur la base de l’accord conclu avec les organisations syndicales représentatives. SUD et les autres organisations participeront à l’élaboration du cahier des charges précis permettant de noter les structures qui répondront.

Si évidemment le tarif sera important, SUD sera très vigilant à la qualité de la prestation proposée : accueil physique, ligne téléphonique, rapidité de traitement des remboursements, lisibilité des informations et du site Internet, etc.

Qui gérera ce nouveau régime ?

Le ministère gérera le nouveau régime, mais la complémentaire comme l’employeur travailleront sous le contrôle des organisations syndicales représentatives. Une commission paritaire ministérielle sera créée à cet effet. SUD y siégera.

Il y a un problème : ma complémentaire gère aussi ma prévoyance.

Exact. L’accord négocié avec le ministère ne prévoit que le remboursement des frais de santé. SUD ainsi que toutes les organisations syndicales représentatives réclament une avancée rapide des négociations concernant la prévoyance dans la fonction publique de l’État.

En attendant, il faudra donc toujours conclure un contrat de prévoyance.

Quelle est la position de SUD sur ce nouveau dispositif ?

Pour SUD éducation, l’enjeu de fond et de long terme est évidemment le retour à une gestion à 100% par la Sécurité sociale, sans reste à charge pour les cotisant·es. Les frais de gestion de la Sécurité sociale sont extrêmement faibles comparés aux opérateurs privés quels qu’ils soient, ce sont donc tous les travailleurs et toutes les travailleuses qui en bénéficieraient. Qui plus est, cela réduirait les inégalités selon le principe “chacun contribue selon ses moyens, reçoit selon ses besoins”. La mutualisation maximale reviendrait aussi à permettre une réduction des coûts.

Cela étant, la plupart des personnels et des retraité·es doivent aujourd’hui recourir à la complémentaire santé. Pour SUD, une protection sociale complémentaire la plus homogène possible pour le ministère contribue à diminuer les inégalités, et rapproche peu à peu de l’objectif du “100% sécu”, avec une part importante de cotisation patronale dans ce système. Il s’agit donc de gagner le plus d’égalité possible et de limiter au maximum les dépenses occasionnées par les accidents de santé des personnels en activité ou retraité·es et de leurs proches.