Une entrée dans un apprentissage de la sobriété : jardiner # De la maternelle à l’université

jeudi 8 février 2024
par  Sud éduc 34

Article de SUD éducation
Mardi 6 février 2024

En école primaire, cela suscite rapidement l’adhésion voire l’enthousiasme des différents partenaires, des familles commencent et continuent dans des appartements, sur des balcons, un rebord de fenêtre.
Cette fiche ne peut être exhaustive, c’est une entrée simple et riche dans des gestes écologiques. Le jardin fait prendre conscience du nécessaire respect du temps, de la météo, de la biodiversité, bref de l’environnement, du plaisir de découvrir le fruit de son travail (au sens propre et figuré), de sa patience et de voir nos possibilités d’aller vers une nourriture locale et biologique sans plastique.

Dans les programmes, un projet pluridisciplinaire

En primaire, il peut figurer dans le projet d’école comme le montrent les exemples déclinés sur les 5 domaines de formation :

1. Langages pour penser et communiquer. Il s’agit de l’apprentissage de la langue française, de langues étrangères et régionales, des langages informatiques, des médias, des arts et du corps : Écriture de lettres pour demandes de graines, de matériel, de terreau, d’aménagement d’une parcelle, écriture collective d’un journal de cultures, description des légumes, fleurs, fruits, lectures contes, albums, lecture et écriture de recettes, lecture/écriture de notice pour l’installation d’une serre, d’un bac...
2. Méthodes et outils pour apprendre. Il s’agit de l’enseignement des moyens d’accès à l’information et à la documentation, des outils numériques, de la conduite de projets et de l’organisation des apprentissages. Planification des semis, des plantations, de l’arrosage, du binage, communication des démarches faites, recherches numériques sur les plantes, sur les techniques de fabrication de bacs, de serres.
3. Formation de la personne et du citoyen : apprentissage de la vie en société, de l’action collective, de la citoyenneté. Entretien de son environnement, jardiner pour soi et pour tou-tes, assurer des rôles différents (biner, planter, semer, arroser, cueillir...), observation de l’environnement.
4. Systèmes naturels et techniques : approche scientifique et technique de la Terre et de l’univers, qui vise à développer la curiosité, le sens de l’observation et la capacité à résoudre des problèmes :, observation du milieu : sols, taxons et espèces présentes sur place, des graines, des bulbes, suivi des cultures (mesures), exploration des 5 sens, fabrication de bacs, de cabanes à insectes, de cabanons avec des matériaux locaux.
5. Représentations du monde et l’activité humaine. Il s’agit de comprendre les sociétés dans le temps et l’espace, d’interpréter leurs productions culturelles et de connaître le monde social contemporain. Découvrir des jardins différents (liens avec les jardins familiaux et/ou ouvriers), échanges d’expériences avec d’autres structures, ce que les peuples cultivent pour se nourrir suivant les climats, les saisons, ce qu’ils ont récolté suivant les périodes historiques (différence entre la culture/l’agriculture vivrière, extensive et intensive) et comment ils cultivent : observation et découverte des outils et/ou des artisanats liés aux outils (chaque outil ayant son sens, son usage, son lien avec le milieu, le sol, l’environnement et pouvant être inscrit dans l’histoire à la fois localement et plus globalement : taillandier, forgeron, tourneur de manche, rémouleur... Faire le lien avec la révolution industrielle) ;

Au collège et au lycée

Comme le montre la déclinaison sur les 5 domaines de formation du primaire, ce projet peut être un support, un lien qui figure dans le projet d’établissement. Des difficultés peuvent apparaître si cela n’est pas planifié de façon collégiale avec des personnes qui coordonnent.
Il est important que l’implication ne repose pas que sur un-e ou deux professeur-es : des élèves, des enseignant-es, des personnes de la vie scolaire, celles de l’entretien des locaux, celles de l’administration, avec des temps de concertation sur le temps de travail sur qui fait quoi en pensant à diversifier les rôles de chacun-e. Pour que le jardin perdure, il faudra qu’il soit entretenu lors des périodes de vacances scolaires et cela ne peut pas reposer sur la volonté, le bénévolat d’une personne. Mais la taille de ce projet restera proportionnelle aux nombres de personnes impliquées.
Les partenaires sont multiples :
→ Organisation avec les activités méridiennes, les CEL,
→ Médiathèques avec grainothèques et autres sites proches de chez vous en privilégiant les contacts locaux comme les variétés locales dites de population.
→ Familles, jardinières amateur-ices du secteur
→ Les maraîchèr-es (particulièrement les maraîcher.es du réseau Paysans de nature), les jardineries (Éviter les grandes jardineries industrielles qui travaillent de concert avec les organisations de l’agro-industrie comme la FNSEA ou des semenciers comme Limagrain).

Pour le primaire : mairie ou CDC : les services espaces verts peuvent fournir des plants, des bulbes, préparer des parcelles (à privilégier des carrés de 2 m2 maxi), des graines.
Pour le collège : le département, les mairies et CDC du secteur, ceux et celles qui siègent en CA
Pour le lycée : la région, ceux et celles qui siègent en CA
Conseils :
Le but est de profiter des fruits de ces jardins potagers, donc bien prendre en compte les risques d’allergies, se référer aux PAI des élèves. Rappel : N’utiliser aucun intrant, pesticide , engrais, hors du compost créé.

→ Commencer avec des carrés de 1 m2 pour les plus jeunes faire appel au personnel chargé de l’entretien des espaces pour retourner la terre ou créer des parterres avec quatre planches de bois. Au collège, un travail peut-être accompli par les élèves en technologie, quand une section EGPA est présente, les constructions peuvent être plus conséquentes avec des bacs à hauteur, montage d’une serre.

→ Préparer un coin pour le compost : de nombreuses mairies proposent des bacs en plastique ; privilégier ceux en bois (il n’est pas utile qu’ils soient couverts). Pour alimenter le compost, apporter de la tonte d’herbe et/ou des copeaux de bois (entretien des espaces verts), y déposer des déchets alimentaires d’origine végétale.

→ Les cultures incontournables : début du printemps : radis (à semer, rapides à pousser dans une terre peu riche), salade (à planter, semis possibles en hiver), tomate (à planter après les risques de gelée printanière ou à préparer en petit pot dès février), fraisiers, poireaux et pommes de terre qu’il faudra butter régulièrement (mettre de la terre autour du pied),

À noter que dans une terre très riche, les radis ne donnent que des feuilles.
Précisions : Les plants peuvent s’acheter directement ; dans ce cas, privilégier les producteurices locales. Les semis se font à partir de la graine que l’on achète ou récupère. On peut récupérer des graines de salade en en laissant fleurir par exemple.

→ Penser aux aromatiques : thym, romarin (attention : tisanes légères pour les plus jeunes), sauge, menthes diverses, verveine, la ciboulette dont les fleurs se mangent. Semer aussi justement des fleurs comestibles : la capucine (légèrement poivrée), le souci (très épicé), la bourrache (goût iodé)... Les fleurs attirent les pollinisateurs.

→ Pour un coin jardin qui s’agrandit : planter des baies comme les groseilliers (pas les groseilliers à maquereaux qui ont de grosses épines), les framboisiers (qui gagnent vite du terrain, demandent à être entretenus en coupant régulièrement les branches sèches, ils sont à tutorer pour rester accessibles), les casseilliers (cassis gros comme des groseilles à maquereaux). Les fruits serviront à préparer des confitures, des gelées et à se régaler directement !

→ Préparer des semis à l’intérieur ; en faire plus pour les familles des plus jeunes, elles prendront soin des plantes chez elles. Les plants de tomates sont particulièrement prisés et peuvent se développer à l’intérieur, il faut penser à faire soi-même la pollinisation en tapotant les fleurs.

→ Avec du matériel de récupération, en demandant à différentes familles ou ami-es de l’école. Possibilité de construire une serre à partir de bouteilles en plastique et de bambous. Il est possible de trouver des anciennes fenêtres qui pourront être posées sur un bac en bois.

→ Prévoir un plan et un agenda que l’on garde d’une année sur l’autre pour éviter les mêmes cultures aux mêmes endroits. Cela permet aussi de partager entre plusieurs classes ou plusieurs sections un même espace.

Matériel minimum : des gants, des transplantoirs, des bacs ou jardinières, des griffes de jardin, des bêches, des vêtements usagés et/ou protection (des sacs poubelles à ouvrir suffisant pour les plus jeunes). Les bottes ne sont utiles que lorsque le jardin s’agrandit, mais de simples planches évitent d’emporter trop de terre sous les semelles.
Pour avoir des gants de protection, on peut les récupérer avec des projets de grandes enseignes comme Nettoyons la nature, ou demander l’aide d’entreprises locales. Mais c’est de la publicité pour des groupes qui polluent...

Un calendrier rapide

En janvier / février : tailler les arbustes, préparer la terre en épandant du compost ou autres apports comme le paillage.
En mars : Plantation des arbustes ou arbres fruitiers.
A l’intérieur : préparation de semis de tomates ou courgettes, pour les planter en mai.
En avril : plantation des herbes aromatiques, fraisiers, framboisiers, semis des fleurs jusqu’en juin.
En mai : plantation : des plants de tomates, céleris, choux, courgettes, concombre ; pommes de terre, semis de carottes, haricots...
En juin : récolte des fruits rouges et des premiers radis, semer des carottes pour les soupes de septembre, planter les plants de citrouille et autres coloquintes pour les récoltes d’automne.
En juillet, août  : arrosage régulier le matin (de bonne heure de préférence). Moins on arrose, plus la plante produit des racines profondes...
En septembre / octobre : récoltes des légumes/fruits qui ont prospéré durant l’été, planter des oignons, des poireaux si ce n’est déjà fait, semer des radis, des épinards (les légumes d’hiver).
Si le jardin n’a pas pu débuter avant : récolte des mûres, des noisettes, noix (attention aux allergies !). Récupération de graines auprès de jardinier-es qui produisent leurs propres plants et dans les plantes bio directement : courgettes, tomates, haricots à faire sécher avant de mettre au sec dans une enveloppe ou boîte à camembert avec une identification et une date.
Nettoyage du jardin régulier, comme ôter les pieds de tomates qui noircissent, couper au fur et à mesure les différentes tiges qui sèchent ou s’abîment.
En novembre / décembre : recouvrir la terre de feuilles mortes, récoltes des légumes d’hiver (poireaux, oignons, salades, citrouilles...)
Plantation des arbustes ou arbres fruitiers
Commencer un projet pour confectionner une serre, un compost, des cabane à insectes, des nichoirs...

Une entrée dans un apprentissage de la sobriété : jardiner # De la maternelle à l’université